Paris le 15 juin 2019 – Flight-Report a rencontré Jean-Marc Hastings, Directeur France & Europe d’Air Tahiti Nui, pour un long entretien qui fait le point sur l’actualité de la compagnie au Tiaré.


Flight-Report : L’actualité chez Air Tahiti Nui c’est l ’arrivée des Boeing 787-9, où en sont les livraisons ?

Jean-Marc Hastings : Nous avons commandé quatre 787-9 que nous appelons « Tahitian Dreamliner ». Aujourd’hui deux ont déjà été livrés. Le troisième rentrera dans la flotte mi-juin, juste après le salon du Bourget où il sera exposé. Il sera immatriculé F-OVAA et baptisé Bora Bora. Le dernier sera livré au plus tard au 1er septembre. A cette date les 4 appareils auront remplacé les 5 Airbus A-340 que nous exploitions et la totalité du réseau de la compagnie sera opérée en Dreamliner. C’est déjà le cas sur tous nos vols sur Paris depuis fin mars.

Flight-Report : Qu’apportent les Dreamliners en termes d’Expérience Client ?

Jean-Marc Hastings : C’est un produit nouvelle génération avec les caractéristiques que connaissent bien les lecteurs de Flight-Report : des avions neufs, des hublots plus grands, une pressurisation plus confortable, une meilleure qualité de l’air, un confort sonore amélioré, autant d’éléments qui font vraiment la différence sur des vols très long courriers.

Au niveau de la cabine, ce sont également des sièges toute nouvelle génération dans les trois classes. Poerava notre cabine Business est équipée de 30 sièges convertibles en lit full flat de 2 mètres de long, Moana Premium, une nouveauté, équipée de 32 sièges avec repose-jambes et repose-pieds qui s’inclinent jusqu’à 20 cm et Moana Economy équipée de 232 sièges avec un espacement de 79 cm entre les rangées.

Ces nouveaux appareils sont équipés de systèmes de divertissement connectés sur les derniers standards. Nous avons choisi l’IFEC de Panasonic qui offre, par exemple, la possibilité d’appairer son smartphone avec son écran et puis toutes les fonctionnalités d’un système nouvelle génération très flexible, très interactif. On pourra bientôt faire les commandes de vente à bord sur l’écran de son siège. En ce qui concerne, la qualité de l’écran et leur dimension nous sommes vraiment sur ce qu’il se fait de meilleur aujourd’hui.

Bien entendu l’accès au Wifi fait partie notre offre. C’est un service nouveau pour nous aussi nous allons étudier de très près sur quelles lignes et quels vols celui-ci est utilisé pour mieux répondre aux attentes de nos clients.

Il faut également noter l’excellente performance opérationnelle de ces appareils qui réduisent notre consommation de carburant et les émissions de CO2.

Vue de la Cabine Poerava Business d’Air Tahiti Nui équipée de 30 sièges convertibles en lits de 2 mètres de long © Air Tahiti Nui

Flight-Report : La Premium a trouvé ses clients ?

Jean-Marc Hastings : Oui, nous avons une très bonne réponse du marché sur ce nouveau produit. C’est un produit que nous avions identifié comme étant attendu par les passagers et les partenaires agents de voyages.

Lors de nos études, élaborées avec nos clients, nous avons pu analyser que l’attente essentielle portait sur un siège plus confortable. Cela a été notre axe stratégique de travail avec le choix du « Safran Seats »  Z535, qui équipe notamment les A350 de Singapore Airlines en premium, et pour lequel nous avons d’excellents premiers retours. Ce produit a tout de suite trouvé sa place notamment sur la ligne Paris Tahiti qui est du très long courrier. Il correspond à des clients qui voyagent pour raisons personnelles ou professionnelles et qui ont un budget supérieur à celui de l’économique mais sans avoir le budget pour voyager en Business. C’est aujourd’hui plutôt une clientèle qui voyageait auparavant en économique qui opte pour la Premium.

Nous avons mis la priorité sur le confort et, pour faire écho aux retours de Flight-Report, nous évaluerons d’éventuels ajustements à apporter pour mieux répondre aux attentes des clients. C’est dans cette optique que nous allons interroger nos passagers dès cet été pour recueillir leur avis sur ce produit.

Flight-Report : La concurrence s’est accentuée vers Tahiti, avec notamment l’arrivée de French bee mais également de United qui s’est positionnée sur le marché.

La concurrence c’est bon, c’est stimulant, ça oblige à se repenser et le grand gagnant est bien entendu le client.

Elle apporte de vrais défis car cela fait beaucoup de sièges supplémentaires d’un seul coup et il faut observer si les passagers seront au rendez-vous sachant que sur les lignes Amérique du Nord Tahiti cela fait 40 % d’offre supplémentaire de sièges.

La question se pose de savoir si la destination Polynésie peut accueillir autant de visiteurs supplémentaires.

Pour l’instant on constate une baisse des prix des billets sous l’effet de la concurrence qui a accéléré un phénomène de stimulation du trafic qui était déjà là. Reste à voir jusqu’où le trafic pourra croître compte tenu des capacités d’accueil sur nos îles. Personne n’a pour l’instant la réponse.

Des projets hôteliers se concrétisent, les locations de particuliers à particuliers augmentent mais cela reste timide par rapport à l’augmentation du trafic que l’on constate. Il faut espérer que l’on puisse se projeter dans un cycle suffisamment long pour les investisseurs fassent confiance à la croissance du trafic et puissent l’accompagner concrétisant des projets rapidement.

Vue de la Cabine Moana Premium © Air Tahiti Nui

Flight-Report : Quels sont vos marchés principaux ?

Jean-Marc Hastings : En volume notre premier marché au départ de Tahiti ce sont les Etats Unis et le deuxième c’est la France qui représente 20 % de notre activité. Tous deux sont en croissance et c’est naturellement sur ces deux zones que nous avons le plus de représentativité, le plus de vols et le plus d’actions commerciales.

Ensuite nous avons d’autres trafics comme sur le Paris Los Angeles, avec de plus en plus de passagers qui choisissent Air Tahiti Nui pour leur voyage transatlantique aussi bien de Los Angeles vers Paris que dans l’autre sens dans toutes les classes, y compris les classes avant.

Nous sommes également présents sur l’Océanie avec des vols vers Tokyo et Auckland. Ce sont ces quatre routes qui permettent de mettre Tahiti sur la carte des grands réseaux aériens mondiaux notamment avec des accords de partenariat que nous avons avec des compagnies majeures, telles que Qantas et American Airlines, qui grâce à des partages de codes peuvent commercialiser Tahiti sans la desservir avec leurs propres avions.

Flight-Report : Comment Air Tahiti Nui arrive t-elle à se faire connaître aux USA qui est un marché énorme dominé par les majors américaines et certaines Low Cost qui ont une puissance commerciale affirmée ?

Air Tahiti Nui est une marque qui s’est progressivement installée et qui a fait le choix de rester sur son créneau en étant spécialiste d’une destination et du  pacifique sud. C’est pourquoi nous avons positionné Air Tahiti Nui comme étant la compagnie de Tahiti, spécialiste de Tahiti. Nous avons installé la notoriété de la compagnie grâce à la stabilité et la qualité de notre produit et également développé des partenariats ciblés.

Flight-Report : Qu’en est- il du Japon ?

Jean-Marc Hastings : C’est avant tout une clientèle Japonaise, touristique, très axée voyages de noces qui a des comportements d’achat et des saisonnalités différentes des autres marchés. Ce marché est indirectement touché par la croissance des marchés dont nous avons parlé car la clientèle japonaise a tendance à réserver très tard et a aujourd’hui parfois du mal à trouver des hébergements en Polynésie.

Tous les PNC d’Air Tahiti Nui sont rectutés localement © Air Tahiti Nui

Flight-Report : Air Tahiti Nui a développé une identité très forte, dès la livrée on voit que ce n’est pas une compagnie comme les autres, selon vous quels sont les marqueurs d’Air Tahiti Nui ?

Jean-Marc Hastings : Notre marque nous rend très légitimes à parler de Tahiti et toute notre promesse clients est que Tahiti commence dès que l’on est dans l’avion d’Air Tahiti Nui.

Notre livrée fait la joie des photographes avec des couleurs vives et des symboles forts. Elle est représentative de ce qu’est la Polynésie et ce que véhicule sa culture. La fleur blanche de Tiaré qui figure sur l’empennage est l’emblème d’accueil de l’hospitalité. Cette expérience immersive commence justement par la fleur de tiaré offerte dès que l’on monte à bord et se retrouve dans l’ambiance cabine, les couleurs, les uniformes, les PNC qui sont exclusivement tahitiens et qui changent de tenue après le décollage pour revêtir robes et chemises tahitiennes. Tout cela crée une ambiance très particulière qui fait que l’expérience Tahiti commence dans l’avion.

On retrouve également cette signature dans le catering avec des harmonies de goûts autour des produits de la mer et des fruits, mais également sur notre carte des vins avec la présence d’un terroir de Rangiroa aux Tuamotus qui élabore un moelleux et un blanc proposés à bord de nos avions.

Enfin notre nouvelle vidéo de sécurité permet de découvrir les charmes de la Polynésie et de se mettre dans l’ambiance.

Flight-Report : Aujourd’hui l’expérience au sol est un élément essentiel et passe, pour les classes avant, par les salons.

Jean-Marc Hastings : Il y a effectivement une vraie attente au niveau des clients classe affaires, mais pas que, d’attendre l’avion dans un environnement confortable. Tahiti est souvent un voyage d’exception, lié à un événement de la vie aussi un client n’hésitera pas à s’offrir un accès lounge pour marquer le moment.

A Paris CDG nous utilisons le très beau lounge de Cathay Pacific au Terminal 2A qui offre un excellent produit.

A Los Angeles, nous utilisons le salon de l’aéroport au Terminal Tom Bradley, ce salon permet de se détendre même si le temps de faire le transit est finalement assez rapide.

A Tahiti, le salon a été complétement refait il y a deux ans, il est assez grand et aux couleurs d’Air Tahiti Nui même s’il est exploité par l’aéroport. Il y a une forte demande pour le salon car nos vols partent le soir et certains passagers en correspondance depuis les autres îles sont contents de pouvoir y prendre une douche et s’y restaurer.

Flight-Report : Quelles perspectives d’évolution ? 

Jean-Marc Hastings : La stratégie de développement de la Polynésie Française est centrée autour d’un tourisme ciblé, qualitatif et très international. Dans cette logique la maîtrise de l’aérien est essentielle. C’est ce qui a conduit à la création d’Air Tahiti Nui et guide son développement actuel. Autour de notre réseau, nous avons développé des accords avec d’autres compagnies comme nous l’avons déjà évoqué et les deux tiers de notre activité sont fait à l’international. Nous avons des accords avec Japan Airlines sur Tokyo-Tahiti et plus récemment nous avons développé un code share avec LATAM sur l’Amérique du Sud vers l’Île de Pâques et Santiago du Chili.

Nous avons également créé Tahiti Nui Helicopters qui permet à nos passagers de découvrir la Polynésie Française grâce à des vols panoramiques mais également d’assurer des transports privés inter-îles. Cette société possède aujourd’hui trois appareils dédiés à cette activité.

La symbolique de la livrée d’Air Tahiti Nui et du nom des ses 4 Tahitian Dreamliners