Hambourg, le 15 octobre 2023 – Le salon Aircraft Interior Expo de Hambourg est le rendez-vous annuel incontournable de l’expérience passager où fournisseurs et compagnies aériennes se rencontrent pour définir leurs produits aériens de demain. Si ce salon est réservé aux professionnels, il représente néanmoins un intérêt pour Flight-Report car il permet de découvrir en avant première les innovations et les produits qui seront offerts d’ici plusieurs années à bord des avions. En effet, il faut souvent s’armer de patience car entre la première présentation publique, les certifications, la production et la livraison, il faut souvent compter plusieurs années, et encore plus quand ce sont les avions eux-mêmes qui sont retardés.

Flight-Report a sélectionné pour vous, et sans être exhaustif, les 7 tendances (sans ordre particulier) de l’expérience passager présentés lors de cette édition 2023 de l’Aircraft Interior Expo.

1 – Des sièges pour low-cost toujours plus légers

Afin d’avoir des cabines les plus rentables possibles, le poids des sièges et la densification de la cabine sont les éléments les plus importants pour les opérateurs à bas prix, dits « low-cost ».

Parmi les fournisseurs de sièges, nous pouvons noter la firme anglaise ACRO qui propose un nouveau siège Series 9, sans inclinaison, de seulement 7,5 kg par passager et recyclable à 99%. La compagnie britannique Jet2 est la compagnie de lancement de ce nouveau modèle pour ses Airbus A321neo et qu’elle recevra d’ici la fin de l’année.

Chez l’allemand RECARO, on retrouve le siège SL3510 avec une option de suppression de la tablette afin d’économiser du poids. Une ingénieuse réglette permet d’y poser une mini-tablette ou un porte gobelet, celle-ci pourrait être installée si le client commande dans la carte des achats à bord ou « buy on board ».

Autre innovation chez RECARO, cette fois-ci présentée sur le SL3710, la possibilité pour les compagnies d’offrir un pas entre les sièges (ou « pitch ») normal aux issues de secours. L’assise serait ainsi raccourcie afin de permettre un accès aux issues pendant une évacuation comme l’exige les réglementations, et lorsque le client est à son siège, un support vient automatiquement rallonger l’assise pour plus de confort.

2 – Des ailes en coque au niveau de la têtière

Si la garantie de l’intimité est un pré-requis pour les cabines avants, c’est aussi une demande des clients qui voyagent en cabines économique et premium économique, une équation difficile à résoudre du fait du manque de place. L’option privilégiée est l’ajout d’ailes en coque au niveau des têtières, appelées « privacy wings » en anglais.

Comme par exemple ici sur le siège MiQ de Collins Aerospace avec des coques extérieures…

Collins Aerospace MiQ

…ou bien là sur le modèle Series 7 d’ACRO avec des coques intérieures.

ACRO Series 7

Il existe aussi la possibilité de mettre des coques des deux côtés de la têtière, comme le présente RECARO sur son siège économique CL3710 et pour son futur siège premium économique PL3810 (10% plus léger que la génération actuelle).

Ou bien encore, le choix fait par l’équipementier italien Geven pour son siège Forma avec une double coque.

Geven Forma

Mais c’est chez Safran Seats et sur son siège premium économique Z535i qu’on découvre la plus intéressante variante. C’est un système appelé U-Dream headrest avec un rabat rangé dans le dosseret du siège. En le sortant, on crée son propre espace avec la possibilité d’y caler un oreiller grâce à un élastique.

3 – De nouveaux sièges full flat pour mono-couloirs

Avec le succès commercial des Airbus A321neo (LR & XLR) et Boeing 737 MAX (-10) offrant une autonomie jusqu’à 10 heures de vol, les équipementiers se pressent pour proposer des sièges spécifiques pour ces avions à fuselage étroits. C’est souvent une configuration en épi ou « herringbone » qui est privilégié mais avec deux écoles : des sièges tournés vers l’allée ou tournés vers les hublots.

Chez l’américain Collins Aerospace, c’est une solution avec des sièges tournés vers l’allée qui est proposé aux compagnies avec son modèle Aurora. L’équipementier indique que c’est la meilleure configuration possible pour optimiser l’empreinte au sol ou « LOPA » (Layout Of Passenger Accomodation).

Collins Aerospace Aurora

Même constat chez l’anglais Thompson Aero pour son VantageSOLO qui est proposé à partir de seulement 33 pouces de pitch.

Thompson Aero VantageSOLO

A l’inverse, l’équipementier français STELIA Aerospace a préféré des sièges tournés vers les hublots avec son modèle Opera. Le siège s’illustre aussi par son très large ottoman, son accès facilité à l’allée et la possibilité de pouvoir y rajouter une porte (non présente ici).

Même analyse chez Safran Seats pour son siège Versa qui fait donc face aux hublots. L’écran est ici pivotable et le siège dispose aussi d’une très large tablette et desserte.

Safran Seats Versa
Safran Seats Versa

4 – Des premiers rangs « Business Plus »

Avec la raréfaction des cabines de première classe, les fabricants de sièges proposent dorénavant des premiers rangs améliorés offrant plus d’espace pour les clients tout en optimisant le LOPA. Les compagnies aériennes peuvent valoriser ces meilleurs sièges « Business Plus » en les offrants à leurs meilleurs clients ou bien même en les facturants avec un complément tarifaire et parfois des services additionnels.

C’est par exemple ce qu’à choisi jetBlue pour son siège Mint Studio qui est basé sur le VantageSOLO de Thompson Aero. Le premier rang offre sensiblement plus de place et même la possibilité de partager un verre à deux grâce à un siège d’appoint.

Thompson Aero VantageSOLO

Même idée chez Air France pour son dernier siège Business basé sur le modèle Opera WB de STELIA Aerospace et qui équipe ses derniers Airbus A350.

STELIA Aerospace Opera WB © Air France

Ici, le premier rang amélioré proposé sur le Vantage XL de Thompson Aero et que l’on retrouve par exemple chez Malaysia Airlines et China Eastern.

Thompson Aero Vantage XL

A l’instar d’Air France, Air New Zealand a également profité du salon AIX pour présenter son nouveau siège Business Premier. Développé conjointement avec Safran Seats, il propose un premier rang sensiblement amélioré avec même une porte que les autres rangées n’ont pas.

Safran Seats Business Premier pour Air New Zealand

Notons enfin, l’imposant premier rang avec des murs d’une hauteur de 60 pouces (1,50m) pour les Airbus A350 de Starlux et basé sur le successeur du Super Diamond : le Elements de Collins Aerospace.

Collins Aerospace Elements

5 – Des IFE plus légers et évolutifs

Du fait des évolutions technologiques permanentes et des contraintes de certification, il est difficile pour les compagnies aériennes de proposer un système de divertissements à bord ou « IFE » (In Flight Entertainments) qui reste à la pointe de la modernité.

Ce marché est partagé par 3 équipementiers principaux : Panasonic Avionics, Thales et Safran Passenger Innovations.

Alors que nombreux étaient ceux qui prédisaient la fin des IFE en raison de l’adoption des tablettes et des smartphones par le grand public, les passagers continuent en réalité de plébisciter les écrans individuels. L’IFE est le support idéal pour les compagnies aériennes afin de créer de l’engagement, comme le rappelle Panasonic Avionics lors de la présentation de son nouveau système Astrova.

Panasonic Avionics Astrova

L’IFE permet en effet de créer plus de 75% d’engagement avec son audience pendant le vol, soit près de 10x plus que pour les autres phases du voyage.

Afin d’éviter l’obsolescence des installations, les équipementiers comme Safran Passenger Innovations, avec son système RAVE, proposent maintenant de pouvoir facilement changer le bloc des prises. Cela permet de suivre les évolutions technologiques, comme le passage progressif des prises USB A aux prises USB C et donc sans avoir à changer tout l’écran.

Safran Passenger Innovations RAVE

Le poids reste un enjeux de taille comme pour tout équipement embarqué à bord des avions. Le nombre de cable est réduit, tout comme comme la taille des boîtiers électroniques et des télécommandes afin de gagner des kg et du confort.

Du côté de Thales, on met l’accent sur la personnalisation de l’offre et l’interaction avec l’équipage avec son dernier système AVANT Up. Sa nouvelle carte graphique plus puissante va aussi permettre de véritables jeux d’arcade et une navigation plus fluide et rapide entre les rubriques.

Thales AVANT Up

6 – Du Bluetooth et du sans-fil pour tous

Les technologies sans-fil concernent de nombreux acteurs dans la cabine, à commencer par les équipementiers d’IFE qui proposent maintenant tous de pouvoir connecter ses écouteurs ou casque sans-fil par bluetooth, y compris pour les passagers voyageant en classe économique.

Thales va même plus loin en offrant aussi la possibilité de connecter son smartphone (qui peut faire office de télécommande), ainsi que sa manette de jeu !

Thales AVANT Up

Chez les fabricants de siège, on retrouve le sans-fil pour les recharges de smartphone par induction. Mais la vraie nouveauté est la possibilité de pouvoir bientôt écouter des vidéos/films/musiques sans-casque grâce à une technologie de diffusion spatiale du son. Safran Seats est probablement l’acteur le plus avancé avec déjà Japan Airlines comme compagnie de lancement pour son système Euphony développé avec Devialet.

Safran Seats Euphony avec Devialet © Safran Seats

7 – Une offre sans alcool améliorée

Avec la tendance durable d’une baisse générale de la consommation d’alcool, les compagnies aériennes doivent s’adapter en s’intéressant à autre chose que leurs cartes des vins. L’enjeux est d’avoir une offre de boissons sans-alcool ou faible en alcool plus qualitative, en particulier pour les classes avant.

Si les bières sans alcools sont déjà proposées à bord comme chez KLM avec la Heineken® 0.0, d’autres boissons plus festives comme les vins pétillants ou les mocktails (pre-mix ou non) comme le Bellino (version sans-alcool du Bellini) chez Monte Vibiano existent et se démocratisent.

Les voyageurs, et en particulier la génération Z, recherchent des boissons sans-alcool plus sophistiquées, moins sucrées et moins caloriques, y compris à bord des avions.

Conclusion

Beaucoup d’innovations enthousiasmantes à venir à bord des avions, mais qui mettront, pour certaines, encore de nombreuses années avant d’être proposées aux clients. Les retards de livraison d’avions, la complexité des certifications, le coût des retrofits et les difficultés d’approvisionnement grippent cette industrie très interdépendante.

Et vous, quelle innovation attendez-vous avec le plus d’impatience?