Paris, mardi 20 Juin 2023, alors que nous arpentons les allées du Salon du Bourget, un camaïeu de bleu sur un empennage attire notre regard. La compagnie américaine JetBlue est présente en partenariat avec Airbus qui expose ici son ambition de développer les avions mono-couloirs.

Airbus A321LR JetBlue devant le stand Airbus du SIAE 2023

Visite de l’Airbus A321LR

Nous pénétrons à l’intérieur de cet Airbus A321LR (Long Range), dont le nom fait esquisser quelques sourires « Mint the Gap », faisant référence à « Mind the gap – Attention à la marche » et « Mint », la classe de voyage affaires signature de JetBlue.

Classe affaires

Dès l’entrée dans l’avion, une ambiance cozy et chaleureuse se dégage de tous ses sièges de la classe affaires organisés en épi. Une sensation intimiste qui peut laisser à penser à un côté « Jet Privé ».

Le choix des matériaux et la réalisation du siège par Thompson Aero est du plus bel effet. Les 2 premiers rangs, désignés Min Studios, ont pour particularité d’avoir un IFE de 22″ et un ottoman latéral supplémentaire façon « banquette » .

« Mint Studio » avec son siège et son ottoman façon banquette

Les rangs suivants reprennent le même siège, sans la banquette latérale, et sont pourvus d’un IFE de 17″.

Vue de la cabine affaires / Siège affaires « Mint Suite »

Classe économique

La cabine principale est composée de 114 sièges Collins Aerospace dont les 4 premières rangées sont équipées par 24 sièges économiques plus, appelés « Even More Space » par la compagnie.

Appuie-tête dédié des sièges « Even More Space »

Ces sièges offrent un pitch plus généreux de 3″ comparés aux 32″ des 90 sièges économiques standards.

Ces sièges sont équipés d’un écran Thalès AVANT up de 10.1″.

IFE Thalès de la classe économique

L’ambition transatlantique pour JetBlue

Après son déploiement sur Londres, JetBlue affrète son premier appareil depuis le Terminal 2B de Paris CDG vers New York JFK, dont le vol inaugural a été opéré le 29 Juin 2023.

Si nous devions résumer cet Airbus A321LR, il s’agirait de faire ressentir l’âme d’un gros-porteur dans un mono-couloir.

Vue de la classe économique depuis l’arrière de l’appareil

De petits avions dans le sillage des grands

Les compagnies du Moyen-Orient sont assez coutumières de l’utilisation de mono-couloirs sur des distances dites « long-courriers », à l’instar de Gulf Air. De manière différente, Royal Jordanian, Turkish Airlines ou encore Middle-East Airlines, exploitent un modèle « hybride » gros-porteurs et mono-couloirs sur des tronçons similaires (exemple: de/vers Paris CDG). En revanche, l’exploitation de mono-couloirs pour effectuer des rotations long-courriers n’est pas fréquente en Europe/ Asie/ Pacifique/ Amérique du Nord, en dehors de la canadienne Air Transat et de LaCompagnie qui opère sur un marché singulier.

C’est pourtant bien sur ce segment que Boeing et Airbus souhaitent se développer à court-termes. En effet, les coûts d’exploitation de ces appareils est grandement diminué comparé aux gros-porteurs.

Infographie sur des liaisons LHR-BOS et LYS-ORD

Ces appareils disruptifs promettent une grande flexibilité aux compagnies, car ils permettent d’opérer des vols comme LondresBoston en cas de faible remplissage de passagers, mais aussi de d’opérer du point-à-point sur des aéroports en évitant les hubs, comme par exemple un vol entre Lyon et Chicago.

Avec leurs modèles respectifs, les deux principaux protagonistes de l’aviation civile tentent de révolutionner le secteur. Sur un pan légèrement plus technique, voici une comparaison des différents modèles mono-couloirs des deux industriels.

Infographie – Comparaison des version d’Airbus 321 et Boeing 737

Airbus, malgré la potentielle surenchère de 200nm de la version XLR révélée dans la presse, conserve une belle longueur d’avance sur le pan technique, avec une capacité de passagers plus importante de 16% sur une distance de 30% supérieure à l’avionneur Américain.

Cela impact évidemment la course à la commande. Airbus a déjà livré des modèles A321LR et la version XLR (eXtra Long Range) a déjà un carnet de commande bien rempli. Boeing n’ayant toujours pas obtenu la certification de son 737-10, l’avionneur européen a un ciel dégagé pour décoller en douceur sur ce nouveau marché.

Conclusion

Opérer un avion mono-couloir entre l’Europe et l’Amérique du Nord, est un parti pris qui pouvait sembler « osé » il y a quelques années, alors que les Boeing 747 et autres Airbus 380 remplissaient le ciel de l’Atlantique.

Aujourd’hui, les deux principaux manufacturiers se battent pour avoir la plus grande part de ce segment en plein essor. Les deux industriels font de ce nouveau marché, leur nouveau fer de lance. Les carnets de commandes semblent aller dans le sens des avionneurs. La belle longueur d’Airbus sur son concurrent direct doit faire cogiter le géant américain. Quelle réponse proposera Boeing pour concurrencer Airbus ?

Vous l’aurez compris, il ne sera pas rare de voir dans les prochains mois, des mono-couloirs sur des segments transatlantiques dans le sillon des gros-porteurs. Les équipementiers eux aussi, ne souhaitent pas rater ce virage déjà bien engagé. Thompson Aero propose 3 déclinaisons du siège Vantage pour la classe affaires, et Safran Seats a rejoint la course avec l’arrivée de son modèle VUE, tout comme STELIA Aerospace avec son produit Opera.

Quel sera d’ici quelques années, l’essor du mono-couloir sur des destinations type « long-courrier » ? En attendant le verdict, que seul le futur rendra, JetBlue continue d’augmenter son assise sur les segments transatlantiques, avec son arrivée à Amsterdam fin Aout 2023, et l’ouverture de la ligne Boston-Paris courant 2024.