Des nouveautés pour les passagers
Paris, le 16 avril 2016 – Chaque année au mois d’avril, Hambourg devient la capitale mondiale de l’expérience passagers. Cet immense salon professionnel est dédié aux nouveautés que les industriels de l’aérien développent dans le grand secret toute l’année avant de les exposer aux clients potentiels lors de cette « Aircraft Interior Expo » qui porte bien son nom.
Les stands les plus importants sont ceux des constructeurs : avionneurs et sous-traitants. Parmi ces derniers, les entreprises spécialisées dans les sièges et dans les appareils de vidéo à la demande sont les plus en vues.
Sans doute l’industriel le plus convoité et le plus en vogue depuis plusieurs mois : Airbus. En première mondial, il était possible de visiter une maquette du nouvel aménagement cabine baptisé « Airspace by Airbus ».
L’innovation la plus remarquable : le plafond de la cabine avec ces écailles lumineuses et ces coffres à bagages lumineux. En outre Airbus promet de nouveaux coffres à bagages et plus d’espace pour les jambes, notamment sous le siège de devant.
Ce bar au milieu d’une cabine ouverte n’est pas sans rappeler ce que certaines compagnies proposent dans leurs Boeing Dreamliners.
En marge de la présentation de cet « Airspace », Airbus annonçait que la compagnie TAP Portugal serait la compagnie de lancement de ce nouvel intérieur.
Airbus a fait de la densification des cabines son cheval de bataille ces derniers mois. C’est, disent-ils, la meilleure manière de tirer pleinement profit des économies de carburants réalisés par les avions de nouvelle génération qu’ils ont développé : A350 et A330neo. L’A380 n’est pas exempt de ce type de projet puisqu’après le 3-5-3, Airbus propose de revoir le galley arrière afin de gagner en place.
L’escalier ne serait plus en colimaçon mais droit en deux niveaux, ce qui permet de positionner davantage de galley et de libérer de la place au niveau de la porte 4M (pont principal).
Autre nouveauté signée Airbus : les coffres à bagages de son monocouloir A320. Cette nouvelle version, imaginée pour l’A350, permettra de placer davantage de bagages dans le coffre. La première compagnie aérienne à les avoir en cabine est Delta Air Lines
Mock up des nouvelles cabines d’A320 avec coffres à bagages type A350 et difference 17″ et 18″ de large#AIX2016 pic.twitter.com/9sScFSou03
— Flight-Report ✈ (@flight_report) April 5, 2016
Le concurrent américain avait moins d’éléments à montrer. On retiendra néanmoins le Skyinterior avec plafond unique et hublots modernisés.
Boeing avait dévoilé des coffres à bagages élargies dès l’automne 2015, qu’on reconnaît entre autres avec les poignées de type 787.
Un des équipementiers en sièges d’avion les plus emblématiques est le français Zodiac Aerospace. Sur son stand, de très nombreux sièges Eco, Premium et Business – dont des concepts qui n’étaient pas dévoilés au grand public.
La Premium est une classe de voyage un peu à part et dont les codes ne sont pas bien définis par les acteurs qui la propose. Zodiac exposait des sièges de type différent.
Les recliners sont très répandus et ressemblent à des gros sièges Eco.
Cet autre siège dispose d’une coque en dur, mais permet tout de même de s’incliner réellement, sans diminuer l’espace pour les jambes du voisin de derrière.
Ce sont surtout les sièges Business qui retiennent l’attention. Ce sont là que, côté compagnie aérienne comme côté client, les investissements sont les plus lourds.
Le siège Aura est le siège classique de Zodiac : il fait face à l’avant de l’avion et est relativement dense (2-3-2 ou 2-2-2 en 777). Il était présenté à Hambourg dans sa version « Enhanced » qu’a choisi Turkish Airlines.
Une nouvelle version du siège Aura est la « HD ». Avec sa position en V elle permet davantage d’intimité sans limiter le nombre de sièges dans la cabine. De plus ce siège est adaptable aux avions mono-couloirs.
Le produit phare de Zodiac Aerospace est le Cirrus. Il a été choisi par un nombre impressionnant de compagnies aériennes comme American Airlines, Cathay Pacific, China Eastern, Delta Air Lines, Finnair, Air France, Sri Lankan…
Fort du succès et malgré les déboires industriels qu’il rencontre, Zodiac développe une version « NG » de ce siège.
Au chapitre des nouveautés : des rangements face au passager et une tablette pivotante horizontalement.
De plus la paroi de séparation avec le reste de la cabine amovible et permet de s’isoler parfaitement dans sa mini-Suite.
Parmi les concurrents les plus sérieux de Zodiac, le fabriquant Thompsom Aero équipe un nombre croissant de compagnies aériennes avec son siège « Vantage ».
La version la plus confortable est la « XL » que l’on retrouve chez SAS
Mais également chez Qantas dans certains A330
La variante mono-couloir de ce siège est présente chez JetBlue dans sa classe Mint
La configuration en 1-2 surprend car la différence de confort entre un duo et un trône est importante ! Surtout que sur ce dernier une cloison permet d’isoler totalement le passager.
Ce siège est également présent chez SWISS International Airlines comme nous le reportions en mars dernier : http://flight-report.com/fr/report-13429.html
Les constructeurs de sièges ne se limitent pas à ces énormes industriels. D’autres marques existent et dénichent des marchés à fort potentiel.
C’est le cas de Jamco, constructeur japonais qui équipe les A350 de TAM
Aircraft Interior Expo est également le lieu où il est possible d’apercevoir des prototypes intéressants. Jamco développe des sièges en épi inversés – comme on en voit beaucoup dorénavant – qui ont ici la particularité d’être légèrement décalés dans le sens de la longueur. L’idée est, comme à chaque fois, de gagner de la place pour densifier la cabine sans trop rogner sur le confort du passager.
La classe Eco n’était pas en reste lors de ce salon puisque de c’est un marché très disputé. Les coûts de fabrication étant moindres, de nouveaux acteurs sont apparus.
C’est le cas d’Expliseat, nouveau constructeur Français qui tente de se trouver une place avec un concept : celui du siège le plus léger du marché.
Air Tahiti est la compagnie de lancement de leur siège en version duo qui est adaptable sur ATR. L’avionneur a d’ailleurs officiellement intégré Expliseat dans son catalogue de sièges pendant le salon.
A une tout autre échelle, Recaro est un acteur historique du siège de voyage. Firme la plus ancienne, elle ne se limite pas aux avions puisqu’elle équipe tout type de véhicules comme des voitures.
L’entreprise allemande s’est spécialisée dans les sièges Eco, et c’est logiquement qu’on retrouvait de nombreuses maquettes en exposition dans son stand, dont un siège non-inclinable bien connu des voyageurs français
Option intéressante mais pas forcément retenu par les utilisateurs de ce siège : une tablette sur le siège central qui permet aux passagers Business de profiter d’un espace supplémentaire
Cet autre siège particulièrement fin permet tout de même de s’incliner, ce qui forcément beaucoup plus agréable. Dommage cependant de proposer des têtières aussi peu travaillées sans réglage possible.
Enfin Recaro ne délaisse ni le marché Premium avec ce recliner…
Ni le « Domestic First » (ou équivalent) avec cet autre monture.
Enfin au chapitre de la connectivité, Aircraft Interior Expo faisait la part belle à Thales et Panasonic. Pour le premier, c’est la connectivité des aéronefs qui est un véritable cheval de bataille.
Bien sûr l’expérience passager est au cœur des activités du groupe qui développe par exemple ce concept d’IFE extra-large
Chez le grand concurrent, toute la gamme des IFE était présentée. On y découvre que les sous-modèles sont très nombreux pour répondre aux desideratas des compagnies clientes en termes de réactivité, de mémoire et de masse.
Parmi les nouveautés présentées (ici sur un siège B/E Aerospace) : la possibilité de recharger son téléphone sans fil, en le posant directement sur la console attenante au siège
Aircraft Interior Expo est probablement le salon le plus important du monde pour ce qui est de l’expérience passager. Les investissements des compagnies, que ce soit en siège ou en connectivité, sont importants et les engagent sur de nombreuses années.
Les nouveautés sont évidemment passionnantes à observer, même si beaucoup sont à l’état de prototypes. D’autre part si l’arrivée de nouveaux acteurs suscite l’intérêt, il ne faut pas oublier que les volumes de production, même pour une petite flotte, sont importants. Et vu les contraintes logistiques inhérentes à l’activité de constructeur ou d’exploitant aérien, il faut garder en tête que tout ce qui est présenté à AIX n’est pas forcément rationnel sur le long-terme.
Que serait l’univers « PaxEx » si les compagnies aériennes avaient la capacité d’être aussi réactives et imaginatives que leurs équipementiers !