Doha, le 11 février 2020 – C’est à Doha, au Qatar, que s’est tenue la seconde édition du CAPA Aeropolitical and Regulatory Summit. Près de 3 ans après le début du blocage, Qatar Airways en tant que hôte et partenaire de l’évènement, apporte en toute vraisemblance une grande importance à l’évolution des règles internationales pour réguler mais aussi pour favoriser les échanges aériens.


Un secteur fragile

Présent au sommet, Alexandre de Juniac, a indiqué les 4 priorités du secteur : La réduction des émissions de CO2 (Programme Corsia), les investissements dans les infrastructures (ATC, aéroportuaire), de meilleures règles de certifications pour les appareils (liées au fiasco du 737 MAX), et, actualité oblige, l’adaptabilité des pays face à la propagation d’une épidémie.

« Next months will be challenging for aviation & governments. Together we will get through the coronavirus outbreak. And together we will continue to build the global standards and regulations that will enable this industry well into the future. »

Alexandre de Juniac, Directeur Général et CEO de IATA
Alexandre de Juniac, Directeur Général et CEO de IATA au CAPA Aeropolitical and Regulatory Summit

Willie Walsh, emblématique CEO du plus profitable groupe aérien européen IAG (8 AOC dont British Airways, Iberia et Aer Lingus) indique l’importance de la consolidation dans ce secteur hautement concurrentiel qui doit faire face plus que jamais à de nombreuses externalités et des marges faibles.

« I firmly believe that consolidation is part of the solution of the industry’s long history of poor financial performance »

Willie Walsh, CEO de International Airline Group (IAG)

Pour le groupe IAG, l’impact du Brexit reste limité avec pour le moment aucun changement de comportement identifié sur les réservations (secteurs loisir et corporate). Cependant la faiblesse de la Livre Sterling impacte les résultats financiers du groupe qui sont publiés en Euro.

Sur la réduction des émissions de CO2, Willie Walsh croit au progrès technologique et à l’introduction d’appareils de nouvelle génération.  A titre d’exemple, l’Airbus A350-1000 entre Londres Heathrow et Toronto Pearson consomme 38% de carburant en moins que le Boeing 747-400 (capacité similaire).

La résilience de Qatar Airways

La compagnie qatarie reste particulièrement impactée par les effets du blocage qui, pour rappel, lui empêche de desservir et de survoler l’Arabie Saoudite, les Emirats Arabes Unis, le Bahreïn, l’Egypte et le Yémen.

Akbar Al Baker, GCEO Qatar Airways au CAPA Aeropolitical and Regulatory Summit

Ce sont 18 routes qui ont été arrêtées du jour au lendemain et qui ont été remplacées progressivement par 28 nouvelles routes. En 2020, la compagnie inaugurera d’ailleurs 11 nouvelles destinations :

  • Nur-sultan, Kazakhstan, 2 vols par semaine à partir du 30 mars 2020
  • Almaty, Kazakhstan, 2 puis 4 vols par semaine à partir du 1er avril 2020
  • Osaka, Japon, 5 vols par semaine puis 1 vol quotidien à partir du 6 avril 2020
  • Cebu, Philippines, 3 vols par semaine à partir du 8 avril 2020
  • Accra, Ghana, 1 vol quotidien à partir du 15 avril 2020
  • Dubrovnik, Croatie, 3 puis 5 vols par semaine à partir du 18 mai 2020
  • Santorin, Grèce, 3 vols par semaine à partir du 20 mai 2020
  • Trabzon, Turquie, 3 vols par semaine à partir du 20 mai 2020
  • Lyon, France, 5 vols par semaine à partir du 23 juin 2020
  • Luanda, Angola, 4 vols par semaine à partir du 14 octobre 2020
  • Siem Reap, Cambodge, 5 vols par semaine à partir du 16 novembre 2020

« At Qatar Airways, we believe in connecting people with no borders, only horizons »

HE Akbar Al Baker, GCEO Qatar Airways

L’isolement du Qatar du fait du blocage l’a aussi encouragé à développer son activité Cargo. Qatar Airways Cargo est ainsi devenu la première compagnie cargo du monde (après les spécialistes du courrier express FedEx et UPS) grâce à une flotte de 28 avions tout cargo (A330F, B777F, B747-8F) desservant un réseau de 60 destinations.

Le développement du groupe Qatar Airways passe aussi par l’investissement dans d’autres compagnies comme China Southern ou LATAM et cela malgré l’arrivée de Delta Air Lines qui provoque la sortie la compagnie sud-americaine de l’alliance oneworld.

« I am ready to do business with the devil » à propos de la prise de participation de Delta Air Lines dans LATAM

HE Akbar Al Baker, GCEO Qatar Airways

La compagnie croit aussi au potentiel du continent africain et en particulier au Rwanda où elle a investi dans la modernisation de l’aéroport du Kigali pour lui permettre d’atteindre une capacité de 10 millions de passagers par an. Qatar Airways est aussi en négociation afin d’acquérir 49% des parts de la compagnie Rwandair.

“We will continue our engagement with various African partners to support and promote the realization of Africa’s aviation potential.”

HE Akbar Al Baker, GCEO Qatar Airways

Une croissance mesurée et une année clé : 2022

Akbar Al Baker aime ironiser sur le sort d’Etihad Airways et ne voit plus que deux « ME2 » (pour désigner les deux plus grandes compagnies aériennes du Moyen-Orient), du côté de Qatar Airways, la croissance se veut plus mesurée dans les années à venir. En 2020, 40 nouveaux appareils vont rejoindre sa flotte (A321neo, A350-1000, B787-9) mais en même temps, 30 avions seront retirés (A320, A330F, A330).

2022 sera une année phare pour le Qatar avec la très attendue coupe du monde de football. Pour soutenir cet événement d’une ampleur internationale, l’aéroport international de Hamad à Doha sera agrandi afin d’atteindre une capacité de 70 millions de passagers par an. Ce plan d’agrandissement permettra d’accueillir 9 appareils de type gros porteur au contact, ainsi que 22 portes par bus supplémentaires.

Le sport et en particulier le football a toujours été une stratégie pour développer la notoriété de la compagnie, Qatar Airways vient d’ailleurs de signer en tant que « Partenaire Premium » du Paris Saint-Germain.

De nombreux défis pour cette nouvelle décennie

Que cela soit du côté de l’association des compagnies aériennes IATA, du puissant groupe IAG ou de Qatar Airways, cette année 2020 débute avec de nombreux challenges pour cette industrie. Ces hommes sont optimistes pour l’avenir et croient aux bienfaits de l’aviation pour unir les peuples mais ils rappellent aussi qu’une adaptabilité permanente et des consolidations sont inévitables.

Willie Walsh, CEO de IAG et Akbar Al Baker, GCEO Qatar Airways au CAPA Aeropolitical and Regulatory Summit

Loin des actions de façade, le défi environnemental devra surtout être compris par les OEM (motoristes et constructeurs d’avion) et les pétroliers (recherche sur le biofuel et autres sources de propulsion) afin de rendre ce secteur plus vertueux. L’aéronautique fait aussi face à un déficit de main d’œuvre qualifié qui ne touche pas uniquement les pilotes, c’est la responsabilité de tous que de rendre ce secteur plus attractif pour les jeunes générations afin d’attirer de nouveaux talents. Enfin, les gouvernements jouent un rôle prédominent et les craintes sont importantes quant à de nouvelles mesures protectionnistes qui ne favoriseraient pas les échanges des hommes et des marchandises.

« Governments are not looking at the large interest, we need to make the aviation industry more liberal”

HE Akbar Al Baker, GCEO Qatar Airways

Cette conférence a permis d’émettre des recommandations pour les trois parties prenantes : les compagnies aériennes, les gouvernements et les consommateurs.

Les défis sont immenses mais l’histoire montre que le secteur aérien a toujours su se relever des nombreuses crises qu’elle a eu à traverser.

Vue sur Doha à bord d’un Airbus A350-1000 Qatar Airways