Vous l’avez sûrement lu dans la presse : selon the Telegraph, Norwegian s’apprête à lancer des vols vers New York au tarif imbattable de 56 £ (soit 65 euros). Imbattable, oui, mais sous conditions : un départ d’Édimbourg, un vol de 8 heures dans avion prévu pour du moyen-courrier (Boeing 737 MAX) et surtout une arrivée dans des aéroports secondaires. Les vols étant « à la carte » chez Norwegian, il est également nécessaire de prévoir un supplément si vous souhaitez prendre un repas à bord ou choisir votre siège.

Un 787-8 Norwegian sur la ligne Paris / New-York

Norwegian, la nouvelle pépite européenne du low-cost ?

Des avions neufs commandés par centaines et des aéroports secondaires pour réduire les coûts des taxes… Cela ne vous rappelle rien ? Il semblerait bien que la compagnie d’Oslo soit en passe de se donner les moyens pour s’imposer comme étant LA compagnie low-cost long-courrier.

Il faut dire que la compagnie propose un produit moderne qui risque de séduire beaucoup de voyageurs : des services totalement à la carte, des Boeing 787 flambant neuf équipés d’IFE en économique. Et tout cela pour des tarifs parmi les plus intéressants du marché : Il est possible de s’offrir un Paris New-York en vol direct pour 341€ en mars.

Il est possible de voyager sans repas sur Norwegian puis d’acheter un sandwich à bord en cas de faim, les IFE sont également des bornes d’achat !

Depuis le début des années 2000 le low-cost long-courrier est un sujet qui revient souvent dans l’actualité aérienne mais aucune compagnie ne s’était réellement lancée sur ce marché : la crise financière de 2008 étant passé par là et le modèle de productivité des avions moyen-courrier semblait difficilement applicable.

Il y a bien eu Zoom Airlines au Canada ou Oasis Hong Kong Airlines en Asie mais la crise de 2008 à rapidement rattrapé leurs faibles moyens. La première vraie compagnie low-cost long-courrier est AirAsia X.

Riche d’une forte croissance et d’un véritable savoir faire en low-cost moyen-courrier, AirAsia X a très vite été perçue comme une menace pour les compagnies classiques asiatiques. Certaines filiales low-cost comme Scoot de Singapore Airlines sont des réponses directes à l’offensive AirAsia X qui aura transporté plus de 50 millions de passagers en 2015.

En Europe, Ryanair n’a jamais caché ses ambitions en matière de vol long-courrier. Mais, malgré des slots obtenus à Roissy CDG, la compagnie n’a jamais sauté le pas et cela ne semble plus être l’une de ses priorités. Il faut dire que les récentes difficultés de Norwegian avec le le Department of Transportation (DoT) américain ont pas mal refroidi le célèbre CEO Irlandais : 

« je ne veux pas m’engager sur 50 avions long-courriers  pour me pointer et faire face à un syndicat des pilotes américains soutenus par un groupe de membres du Congrès et de sénateurs idiots pour bloquer ce projet. Norwegian a été traitée d’une manière honteuse »

Michael O’Leary, CEO Ryanair

En effet, derrière la campagne de Norwegian vers les USA se cache une complexe histoire de droit américain. Norwegian est une compagnie qui compte plusieurs filiales. Les vols vers les USA sont actuellement opérés par sa filiale Norwegian Long Haul, l’entité long-courrier du groupe. Pour optimiser ses coûts, la compagnie souhaite depuis 2 ans et demi que sa branche Norwegian International, basée en Irlande, puisse opérer sur le territoire Américain pour notamment, ouvrir une base à Fort Lauderdale. C’était sans compter sur le mur syndical américain qui dénonce un dumping fiscal nocif pour l’économie aérienne américaine.

Après d’intenses tractations, le Department of Transportation a finalement donné son feu vert pour les opérations de Norwegian International. Mais l’histoire n’est pas terminé : une importante action en justice menée par ces syndicats américains et en cours et l’élan protectionniste mené par Donald Trump pourrait remettre en cause cet accord.

Reste qu’avec ses 190 avions en commande ( dont 160 Boeing ! ) et un produit « service à la carte » attractif , la 1ere compagnie Scandinave présente une incroyable envie de croissance qui devrait l’emmener à multiplier les ouvertures de lignes long-courrier courant 2017.

2017, l’année décisive du low-cost long-courrier

Preuve que le sujet attire de plus en plus, d’autres compagnies comme l’Islandaise à bas cout WOW air ont inauguré en 2016 des liaisons long-courrier vers les Etats-Unis. Elle propose ainsi au départ de Paris des vols vers Miami, Boston ou San Francisco à partir 159€ l’aller simple. Mais attention, certains suppléments sont carrément obligatoires comme la réservation du siège à 8€ minimum ( le prix affiché est donc faux ), il n’y a pas d’IFE à bord et il faudra faire avec une escale à Reykjavik en Islande. Ces vols sont donc intéressants uniquement dans certaines configurations et à certaines dates bien précises.

WOWair à ouvert ses premieres lignes long-courrier en 2016 – Photo SkyteamCHC

En 2016, la France aura vu la naissance de Frenchblue, première compagnie low-cost long courrier Française. La compagnie bleue a choisi de se spécialiser dans les »destinations loisirs » et elle commence à inquiéter des concurrents plus classiques comme Air Austral qui se prépare à devoir revoir ses tarifs sur la Réunion. Actuellement équipée d’un unique Airbus A330-300, la compagnie du groupe Dubreuil devrait accueillir deux A350 flambant neuf en 2017 et 2018.

Frenchblue lors du vol inaugural vers Punta Cana

Corsair est également en phase de réflexion pour lancer une filiale low-cost long courrier et les équipes d’Air France du projet « Boost » devront observer cette tendance avec attention.

Ailleurs en Europe, le groupe IAG (British Airways, Iberia, Vueling & Aer Lingus) devrait prochainement présenter son projet de low-cost long-courrier pour un lancement mi-2017. Basé à Barcelone, ce projet proposera des vols vers Tokyo, Los Angeles ou La Havane. L’idée est clairement de proposer une concurrence frontale à la compagnie vers qui tous les regards sont tournés en 2017 : Norwegian. Cependant, le Brexit risque fort de compromettre le projet.

Du côté du groupe Lufthansa, la contre-attaque low-cost se prépare également avec l’acquisition totale de Brussels Airlines qui aura pour but de renforcer Eurowings, la filiale low-cost du groupe.

Il est également intéressant de noter que certaines compagnies non low-cost comme OpenSkies commencent à dégainer des tarifs agressifs vers les USA : Actuellement leur aller-retour en classe économique est proposé à 443€, repas et valise en soute comprise.

En 2017, Openskies propose des vols vers New-York à partir de 350€

La nouvelle année s’annonce donc décisive pour le low-cost. Les groupes majeurs comme Air France-KLM ou IAG qui ont loupé le coche du low-cost moyen courrier ne voudront pas reproduire l’erreur une deuxième fois et devront donc etre réactifs face à des concurrents qui se donnent les moyens de réussir.

À l’image de Ryanair ou EasyJet sur le moyen-courrier, le « leader européen » du low-cost long-courrier n’existe pas encore . Mais la tendance se précise : le long-courrier s’ouvre enfin au low-cost et son futur leader Européen est celui qui s’imposera en 2017.

Et vous, pensez-vous que l’arrivée du low-cost sur ces destinations est une bonne chose ? Donnez-nous votre point de vue !


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